Qu'est-ce que le Naginata ?

UNE ESCRIME JAPONAISE POUR TOUS

 

UN ART MARTIAL ELEGANT ET COURTOIS

 

Premier art martial féminin au Japon, mais de plus en plus pratiqué par les hommes, le NAGINATA permet de se défouler tout en respectant son adversaire, de repousser ses limites en se forgeant un bon "mental", et apprend l'humilité, la patience, la concentration et la vigilance. Hommes, femmes et enfants y trouvent leur équilibre.

 

 

PRESENTATION DU NAGINATA

"Ce que vous aurez appris en écoutant les paroles des autres vous l'oublierez bien vite,

Ce que vous aurez compris avec la totalité de votre corps vous vous en souviendrez toute votre vie."

FUNAKOSHI GISHIN

 

UNE ARME, UN SPORT, UN ART


Le Naginata est :

. une arme : sorte de faux ou hallebarde utilisée dans le Japon ancien,

. un sport : une escrime japonaise,

. un Art : ensemble de moyens que l'on apprend à pratiquer pour atteindre "la plus haute des personnalités".

Ces trois points structurent cette présentation du Naginata.

 

LA NAGINATA EST UNE ARME:

 

La NAGINATA se présente comme un sabre fixé à une longue hampe de bois dur.

La hampe mesure de 1m65 à 1m75 (pour un adulte). La lame mesure environ 50 cm.

La NAGINATA est une arme du Japon ancien. Selon les sources elle dérive des hallebardes chinoises ou d'un outil; on voit employer parfois le terme de faux de guerre. Elle est apparue vers l'an 700.

 

A cette date les cavaliers armés devenaient une force importante. Ils étaient difficiles à combattre par les armes classiques: flèches ou sabres. La longueur de la NAGINATA permettait de couper les jarrets des chevaux et de tenir les cavaliers à distance. La NAGINATA fut d'abord employée par les moines guerriers (yama-bushi) puis par les guerriers à pieds et les samouraïs. Des contes japonais racontent encore par exemple les exploits de TAJIMA "le coupeur de flèches", un moine guerrier du XII ème siècle qui traversa un pont sous des volées de flèches qu' il fauchait avec sa NAGINATA. La NAGINATA fut également utilisée, par la suite, par les femmes de samouraï pour défendre les foyers et les villages (1600 et +).

 

En même temps que l'arme, les écoles de NAGINATA se développèrent principalement après 1185, date d'une célèbre bataille au cours de laquelle un chef prestigieux combattit avec une NAGINATA. Les armes à feux allaient la reléguer (1542 et +), tout comme le sabre, mais les écoles restèrent.

 

Le NAGINATA guerrier consistait en des mouvements de balayages circulaires. L'arme servait ainsi à trancher, elle pouvait aussi servir à transpercer l'adversaire. La hampe pouvait simultanément servir de défense contre les coupes des sabres plus courts.

 

Les Ecoles ont codifié ces techniques: botte du tourbillon d'eau, botte du moulin à vent. C'est sur cette base que c'est développé le sport.

 

 

LE NAGINATA EST UN SPORT :

 

Le NAGINATA est une escrime (japonaise). Pour la pratique sportive la lame est constituée de deux lamelles de bambou fixée à la hampe par un papier adhésif blanc. L'arme est ainsi beaucoup plus légère (600g à 800g).

 

Le NAGINATA est un sport très populaire au Japon. Il est le premier art martial féminin du Japon. La fédération de NAGINATA compte quelques 500 000 licenciés qui pratiquent dès la scolarité.

 

En France environ 200 licenciés, enfants, hommes et surtout femmes, pratiquent dans une dizaine de clubs.

Comme en escrime il s'agit de vaincre un partenaire. Cependant les techniques de base sont des techniques de coupe. A ces coupes correspondent des parades. La tenue, spécifique, se compose d'une sorte de jupe culotte bleu marine (le "hakama"), longue et très ample de façon à dissimuler les déplacements des jambes, et d'une veste blanche à manche courtes appelée le keïkogi.

 

On porte également une armure dérivée de celle des samouraï du Japon ancien. Les différents éléments protègent les parties du corps qui peuvent être attaquées.

 

LE NAGINATA EST UN ART :

 

Les japonais disent NAGINATA DO. Do se traduit par la Voie. La Voie est la méthode pour comprendre "la nature de son moi et atteindre la plus haute des personnalités". Au Japon il existe la voie de la calligraphie (sho do), la Voie de la cérémonie du thé (cha do), la Voie de l'art floral. La Voie du NAGINATA est un des arts martiaux, un des arts de combats.

 

Les règles d'un sport sont strictes. La notion de Voie est au contraire un engagement personnel de perfectionnement constant. Il ne s'agit donc pas tant de concourir que d'acquérir une maîtrise de soi.

Il faut pour cela dépasser la technique pour retrouver la spontanéité. Pour bien comprendre cette idée il faut penser que dans un vrai combat tout se joue en un instant. A cet instant là la technique, le corps et l'esprit doivent être unis en une même énergie projetée à la pointe de la NAGINATA. L'esprit doit saisir l'opportunité. Le choix de la technique doit se faire naturellement, automatiquement, sans délai de réflexion, inconsciemment. Le geste se fait dans le même souffle. Une faille de la concentration, un décalage entre l'esprit et le corps ne pardonnent pas dans un combat réel.

 

Pour y parvenir il faut une très grande concentration dans la préparation de l'attaque (1), une concentration vigilante, et une union des forces physiques et mentales dans l'attaque (2).

(1) : L'art suprême consiste à garder un parfait sang-froid, un calme intérieur, un détachement absolu jusqu'à ce que le mouvement jaillisse à l'instant précis ou l'adversaire est vulnérable. L'efficacité est ici synonyme de sérénité. On évoque à cet égard la toupie qui quand elle tourne très vite paraît immobile : la tranquillité dans la mouvement.

 

L'esprit est donc vigilant et détaché (Zanshin), libre mais complètement attentif. C'est une sorte d'état d'alerte, un état d'éveil de toutes les facultés - et non mental d'analyse. L' histoire suivante l' illustre.

Un célèbre maître du Zen, Takuan, enseignait à TAJIMA NO KAMI, professeur de sabre du Shogun, que si ces facultés étaient dirigées vers l'adversaire elles étaient "hypnotisées" par lui; si elles étaient dirigées vers la défense, elles étaient entièrement prises par cette idée. Les japonais appellent Munen ou Muso, c'est-à-dire "non-mental", la disponibilité nécessaire des forces. La tradition japonaise compare cet état à la clarté de la lune. La lune est unique. Mais elle se reflète instantanément partout ou il y a de l'eau. La lune est immobile, mais son reflet dans l'eau est infiniment fluide.

 

L'esprit juge mais ne laisse pas influencer. Il est dit que l'adversaire doit être transparent. "Il faut le voir et ne pas le voir, il faut le regarder comme on regarde une montagne au loin".

 

Un conte raconte encore l'histoire d'un artisan qui avait défié un célèbre professeur de karaté, Matsumura. L'artisan est en garde de façon à ne laisser aucune ouverture. Le professeur est en position naturelle, les bras ballants. Au moment même ou l'artisan va attaquer, il tombe comme sous le choc d'une force terrible. Il avait perdu toutes ces forces rien qu'en sentant le regard du professeur le transpercer.

(2) : A l'instant de l'attaque, l'esprit, le corps et la technique constituent une seule et même force. L'intuition et l'action sont simultanées; elles jaillissent en même temps.

 

La respiration joue ici un rôle très important. La respiration établit le lien entre l'esprit et le corps, l'esprit et la technique. Dans le jaillissement des forces physiques et mentales, la respiration elle-même devient énergie.

 

On est fort sur l'expiration, faible sur l'inspiration. C'est au terme de l'expiration que l'énergie est à son point culminant. Il faut expirer en portant un coups. Dans l'idéal il faut porter un coups à un adversaire sur l'inspiration.

 

Le cri des Arts Martiaux n'est que le mélange d'une respiration accompagnée d'une voix forte. Ce son devrait partir non pas de la gorge mais du "hara", "l'océan des énergies" disent les japonais; je dirai pour ma part, de manière poétique, du fond des tripes. La puissance du cri n'est pas celle de la voix, elle est celle de l'individu tout entier. Ce cri s'appelle Kiaï. Ki veut dire énergie, Aï se traduit par union. Kiaï signifie donc union des énergies.

 

Tout exercice sert à développer la volonté, la concentration, l'union de toutes les forces en un seul élan. Il oblige à lutter contre ses propres défauts en même temps que contre l'adversaire.

Le sens profond des exercices d'enchaînement technique que l'on pratique - les Kata - ne se trouve pas dans les gestes eux-mêmes mais dans la manière dont ils sont rendus vrai par chacun. Le Kata ne doit pas être une démonstration impersonnelle, mais une création d'une action ou toute l'énergie se projette en un instant.

 

 

LE MOT DE LA FIN... :

 

La pratique du NAGINATA est précisément rendue passionnante parce qu'elle mobilise toutes les énergies physiques et mentales, parce qu'elle exige rapidité et puissance, parce qu'elle est toujours intense. Mais le NAGINATA est plus que cela: c'est un enseignement d'une façon de regarder les autres, de se comporter dans la vie. DOJO signifie en japonais le lieu de la Voie. C'est le lieu dans lequel on vient recevoir l'enseignement et s'exercer. Mais, disent les Maîtres "le véritable DOJO est celui que le disciple doit se bâtir dans son coeur au plus profond de lui-même".

 

 

 

PRATIQUE ET COMPORTEMENT

Les notions de coup valable et d'efficacité conditionnent la pratique du Naginata, c'est en quelque sorte le fil conducteur qui relie le débutant au pratiquant confirmé. Dès lors, l'apprentissage, le perfectionnement, voire la pratique à un niveau élevé comprendront des phases d'acquisitions gestuelles et des phases ou le pratiquant expérimentera ces acquisitions et améliorera son "rendement".

 

En répétant de nombreuses fois un geste on finit bien par savoir le faire mais encore faut-il que ce que l'on répète corresponde bien au but visé. D'où l'importance d'avoir une pratique régulière et efficace, de s'entraîner le plus souvent possible, sincèrement et généreusement. Nous en arrivons au "mental" ou si vous préférez à ce que j'appellerai votre comportement intérieur profond.

 

La plupart des exercices de Naginata dépendent de l'attitude, de la vigilance, de l'attention et des actions du pratiquant le plus gradé (ou le plus ancien) de celui qui fait travailler l'autre.

 

Il existe une sorte de progression mutuelle. Il ne semble pas que l'on favorise les progrès d'un partenaire en n'étant pas à ce qu'il fait. On ne favorise pas les siens non plus mentalement et corporellement.

 

N'oublions pas qu'en Naginata, l'action d'un(e) pratiquant(e) est subordonnée à celle d'un(e) autre pratiquant(e). La difficulté réside donc dans le fait de rester motivé(e) pendant toute une séance alors qu'apparaissent des phénomènes de fatigue, de lassitude, etc ... C'est là qu'il faut pouvoir compter sur "l'autre" pour passer ces moments difficiles.

 

Enfin, gardons en Naginata de faire des distinguos de grades, d'âge ou de sexe dans les différents rapports avec autrui (correction d'une attitude, d'un mouvement, d'un Kata, etc ...). Les progrès de chacun intéressent tout le groupe.

Je souhaite que tous les pratiquants de Rocquencourt réfléchissent dans ce sens.

 

Suzanne SAURAT - Fondatrice du Club, et Kyra SIPEK

 

 

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